magnetisme

Magnetisme – mosaïque, marbre, mortier, acier

105 x 85 cm / 2018

On pourrait s’arrêter longtemps sur les affinités électives entre les êtres qui peut-être raisonnent à coups de phéromones ou de champs magnétiques. Les amants s’aiment comme les aimants s’aimantent, tels deux pôles d’une inéluctable réaction physique. C’est l’invisible qui par une expérience simple comme un jeu d’enfant peut devenir visible. Mais de quoi le champ magnétique est-il la métaphore ? D’ailleurs, la métaphore est une image qui se glisse dans la langue pour l’enrichir, une représentation qui vient lester la pensée pour l’ancrer dans une chair existante.

Ici, l’artiste a retenu l’image numérique et abstraite d’un champ magnétique et lui a donnée du relief, du poids, de la texture, une matérialité par le recours à la mosaïque. Si l’image est fugitive, les ondes insaisissables et invisibles, les voici pourtant inscrites dans le marbre des tesselles. L’image a été décomposée puis recomposée. Chacune des quatre mosaïques demeure abstraite, si elle n’est pas associée aux trois autres pour reformer la figure initiale. Toute attraction entre deux éléments, qu’il s’agisse d’êtres vivants, de pixels ou de tesselles s’inscrit nécessairement dans un espace et une durée, puisque espace et temps sont interdépendants.

Ainsi, Benjamin Desoche en transcrivant une image en mosaïque convoque aussi le jeu des dimensions, passant de la ligne au volume, d’hier à aujourd’hui et réciproquement. On pense notamment au film mythique de Kubrick 2001, l’odyssée de l’espace, où le mystérieux monolithe noir des débuts esquisse un lien possible entre le primitif et le complexe, l’ancestral et le contemporain, l’origine et la fin.

Florence Andoka / auteur et critique d’art